THIS SHOULD BE HOUSING
/ LE TEMPS DE LA MAISON EST PASSÉ

Communication présentée lors de Figures : Écriture, lecture, spectature, colloque organisé par Denise Brassard, Bertrand Gervais et Jean-François Hamel, Figura, Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, Université du Québec à Montréal, Montréal, 2-3 mars 2006.

CRÉDIT: Photographie argentique, Louise Lachapelle «This should be housing», tirée de la série MUR_MAISON, Toronto, 1995.

 

 

L’imaginaire s’impose d’emblée comme un ensemble d’images et de signes, d’objets de pensée, dont la portée, la cohérence et l’efficacité peuvent varier, dont les limites et la dynamique sont sans cesse à redéfinir, mais qui s’inscrit indéniablement au coeur de notre rapport au monde, à la culture et à l’histoire.

Si l’imaginaire s’exprime dans des figures concrètes et différenciées, comment celles-ci apparaissent-elles, dans quels contextes, au sein de quels dispositifs, selon quelles logiques internes et externes? Quels rôles jouent-elles aujourd’hui dans les pratiques d’écriture, de lecture et de spectature? Quelle part de sédimentation ou d’innovation caractérise les formes qu’elles prennent selon les lieux et les époques? Comment perdurent-elles jusqu’à s’imposer dans une culture et exercer dans la durée leurs effets de condensation de la pensée?

Ce colloque à portée pluridisciplinaire a pour visée première d’interroger la notion de figure afin d’éclairer sa relation aux pratiques contemporaines d’écriture, de lecture ou de spectature et d’identifier les conceptions de l’imaginaire, les formes de rationalité et les instances symboliques dont elle témoigne. En clair, il s’agit, dans une démarche exploratoire, de se pencher sur ce qu’il convient d’appeler le travail des figures.

Comité organisateur
Extrait du programme, Figures : Écriture, lecture, spectature
Programme du colloque

La communication présentée lors du colloque Figures : Écriture, lecture, spectature constitue en quelque sorte l’inauguration publique du cycle de recherche création This should be housing / Le temps de la maison est passé dans le cadre des activités de l’équipe de recherche sur l’imaginaire contemporain (ÉRIC LINT) du Centre Figura (Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire) de l’UQAM.

Cette présentation identifie et juxtapose certains objets et matériaux constituant le foyer de tensions à la base de ce cycle de travaux sur la mise en question de la maison dans l’imaginaire contemporain. Cette introduction à la problématique qui se trouve à l’origine de ces travaux est aussi l’occasion de s’interroger sur la manière dont le concept de figure peut contribuer à cette réflexion portant sur les expressions de l’exigence éthique qui prennent forme dans les pratiques artistiques et culturelles contemporaines.

Figure de l’imaginaire, forme et matériau de l’art, catégorie anthropologique et foyer d’investissement symbolique, la maison est atteinte par les inquiétudes et les tensions qui caractérisent l’éthique contemporaine. Une certaine négativité de la maison, permettrait-elle de désigner l’émergence d’une disposition, d’une position en défaut, propre au paradigme éthique contemporain ? « Le monde des maisons se cache » écrit Robert Antelme dans L’Espèce humaine dès 1947, « il ne faut pas le chercher » 1.

Le texte de Robert Antelme sert de matrice à ces travaux qui prennent pour objets certaines figures et représentations de la maison propres à des œuvres du passé et à des textes fondateurs, un corpus littéraire, artistique et culturel, certaines formes traditionnelles de l’habiter, ainsi que des manifestations contemporaines de la maison et des lieux concrets dont elle est le paradigme, notamment la ville de Berlin, Ground Zero à New York et la ville de Jérusalem. This should be housing, mais peut-être le temps de la maison est-il passé2.

Louise Lachapelle
Résumé de la communication «This should be housing», Figures : Écriture, lecture, spectature


1. Robert Antelme, L’Espèce humaine, Paris, Gallimard, « Tel », [1957]2001, 321 p.
2. J’emprunte cette dernière expression à Theodor Wisengrund Adorno, « Asiles pour sans-abri », Minima Moralia : réflexions sur la vie mutilée, Paris, Payot, « Critique de la politique », [1951]1991, p. 35-36.