L'ATELIER FAIT TERRAIN
Performativité de la recherche-création
Pratiques poétiques et éthique de la connaissance

Intervention avec projection simultanée d’un court film expérimental lors de Action! Imaginaire de la performance et de la performativité dans la théorie, l’art et la société,  Journée d’études Radical organisée par Joanne Lalonde, Sylvano Santini et Yan St-Onge, 6 février 2014.

L’ATELIER FAIT TERRAIN – Enregistrement audio de l’intervention de Louise Lachapelle 

 

L’atelier fait terrain

Cette intervention  présente une analyse de l’imaginaire de la performance et de la performativité dans la conceptualisation actuelle des pratiques de recherche-création (Chapman & Sawchuk, 2012; Denzin & Lincoln, 2011; FQRSC, 2011). Sur la base de cette analyse, la dimension performative de certaines pratiques esthétiques et méthodologiques associées à la recherche-création est mise en relation avec certaines approches critiques de la création contemporaine. La performativité de la recherche-création serait-elle l’une des expressions singulières d’une éthique de la connaissance propre à l’imaginaire contemporain?

Ces considérations sur la performativité de la recherche et de la création trouvent également leur fondement dans les questionnements qui ont émergé d’un cycle de travaux m’ayant menée, depuis l’atelier, vers une diversité de terrains. Aussi, le développement d’une plateforme web visant la mise en forme d’un portfolio virtuel et la diffusion interactive des matériaux et productions reliés à ce corpus de travaux, est-il en ce moment l’un des principaux sites où s’articule en actes cette réflexion épistémologique sur la performativité éthique et poétique dans un contexte de recherche-création. C’est donc aussi en prenant appui sur ma propre pratique que seront explorés des processus et des dynamiques qui agissent une éthique tout en opérant une sorte de transformation topologique au cours de laquelle l’atelier fait terrain et, ce faisant, se reconstruit en ouverture (Millot, Novarina).

Le site Table_Atelier_Terrains_Travaux dont il est question ci-dessus constitue la version initiale du présent portfolio.

Présentation, Louise Lachapelle

CRÉDIT Dessins Louise Lachapelle, montage en collaboration avec Alexandre Huot.

REMERCIEMENTS

Alexandre Huot pour le montage de la vidéo composée d’une série de maisons située sur une seule ligne d’horizon. La durée du déroulement horizontal de cette ligne correspond à la durée de l’intervention performative.

Joceline Chabot pour la permission de citer cinq photographies originales et ses propos témoignant de l’œuvre intitulée Effacement (2011-2012, durée 1 mois) en guise d’exergue de cette intervention.

 

Action!

Imaginaire de la performance et de la performativité dans la théorie, l’art et la société

 

Dans un grand nombre de champs du savoir, la performance et la performativité jouent un rôle important depuis la seconde moitié du XXe siècle. Ce qui témoigne, sans nul doute, d’une tendance vaste et générale à faire ou poser le regard sur le faire des choses plutôt qu’à les représenter, qu’à les contempler à distance. Ces concepts pourtant doivent être distingués pour éviter tout malentendu, car s’ils indiquent une action qui intervient dans le monde réel, ils renvoient à des intentions, des objectifs et des effets différents selon les domaines. La notion de performance est variable selon les approches pratiques, tandis que la performativité, elle, peut prendre différentes formes selon les théories qui la définissent ou les programmes à laquelle on la soumet. C’est là, par exemple, tout le dilemme intrinsèque au domaine des performance studies de faire cohabiter des théories et domaines variées aussi bien artistique, politique que social.

Entre la performance linguistique chez Noam Chomsky, le performatif de J. L. Austin et l’art performance dans sa dimension ontologique chez Peggy Phelan, il y a tout un éventail de définitions. La performance linguistique signifie l’ensemble des énoncés linguistiques émis par un locuteur, tandis que l’art performance chez Phelan repose sur l’importance de la coprésence entre performeur et public ainsi que sur l’éphémérité. La performativité construit la réalité, comme celle du genre chez Butler, tandis que l’art performance conjugue de manière essentielle événementialité et réalité.

Si la question du faire reste primordiale dans tous les cas; celle du présent est tout aussi déterminante: «Performance’s only life is in the present», affirme Phelan. La performativité linguistique de J. L. Austin et de J. R. Searle repose sur l’idée d’une action qui s’effectue par le langage; elle n’est pas directement liée à l’art performance, pourtant le qualificatif «performatif» est souvent utilisé pour évoquer «ce qui a trait à la performance». Est-ce un simple malentendu dans les termes ou bien y a-t-il quelque chose qui relierait la performance et la performativité? Faut-il utiliser un autre terme comme «performantiel» pour décrire ce qui relève de l’art performance, tel que le propose David Zerbib? Existe-t-il une «performantialité» qui dépasse la performance stricto sensu?

L’objectif de cette journée d’études est d’interroger l’imaginaire contemporain de la performance et de la performativité qui imprègne les discours et pratiques actuelles en arts et dans d’autres domaines culturels et sociaux. L’ambiguïté entre les concepts, leurs subtiles distinctions ou leur partage évident, invite à penser l’intérêt pour le «faire» des représentations et les effets de présence. Mais d’où émane cet intérêt ? Et où mène-t-il ? Comment s’élabore-t-il dans les discours théorique, critique, artistique, dans des essais philosophiques, politiques ou de genres, dans les recherches intermédiales ou dans les oeuvres? À quels espoirs, impressions, attentes, calculs, répondent-ils?

Présentation (extrait),  Comité organisateur

 Joanne Lalonde, Sylvano Santini et Yan St-Onge, 

Programme Journée d’études Radical