AGIR / Art des femmes en prison

Commissaire de cette seconde édition de l’exposition AGIR / Art des femmes en prison, présentée lors de la Quinzaine citoyenne, en partenariat avec la Société Elizabeth Fry du Québec, le Collectif Art Entr’Elles et Continuité-famille auprès des détenues (CFAD), au Collège de Maisonneuve, du 23 au 28 avril 2013.

Animation et modération de la table ronde AGIR / Art des femmes en prison, lors de la Quinzaine citoyenne, en partenariat avec la Société Elizabeth Fry du Québec, le Collectif Art Entr’Elles et Continuité-famille auprès des détenues (CFAD), Collège de Maisonneuve, 26 avril 2013.

Collaboration à la production vidéo documentant la table ronde AGIR / Art des femmes en prison, avec le Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD) et la Société Elizabeth Fry du Québec, 2013. 

 

AGIR_Information sur la programmation et les participant.e.s_Collège de Maisonneuve

Video de la table ronde AGIR / Art des femmes en prison sur le site des Conférences numériques du Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD)

CRÉDIT Image Collectif Art Entr’Elles 

 

Exposition AGIR / Art des femmes en prison

La prison : une caserne un peu stricte,
une école sans indulgence,
un sombre atelier […].

Michel Foucault, Surveiller et punir

 

Au moment de présenter l’exposition AGIR / Art des femmes en prison entre les murs d’un établissement d’enseignement supérieur, j’éprouve le besoin de relire ce texte de Foucault à la lumière de ces œuvres d’art multidisciplinaire réalisées en milieu carcéral par des femmes judiciarisées.

Surveiller et punir est un essai marquant, il porte sur la naissance – somme toute récente – de la prison. Le philosophe Michel Foucault y souligne que, dans nos sociétés, « l’évidence de la prison se fonde aussi sur son rôle, supposé ou exigé, d’appareil à transformer les individus ». La prison enferme, redresse, rend docile écrit-il, et, en cela, elle reproduit, en les accentuant, des mécanismes qu’on trouve déjà dans le corps social. Différents « dispositifs disciplinaires » de domination, de contrôle et de surveillance fonctionnent en effet, disséminés dans la société. Ils constituent, selon Foucault, une « grande trame carcérale » soutenant une économie normative du pouvoir « et l’instrument pour la formation du savoir dont cette économie a besoin. » Autrement dit, la prison s’inscrit dans un système social dont je fais partie et auquel je contribue à divers degrés en tant qu’enseignante, chercheure et artiste, en tant que femme et citoyenne.

Après cette relecture, je suis en mesure d’apprécier, une fois de plus, l’acuité critique du regard que posent les artistes de l’exposition AGIR / Art des femmes en prison sur la prison et sur notre société qui tend à banaliser cette institution. Elles expriment cette (auto)critique avec une profonde humanité et une maîtrise redoutablement efficace, des esthétiques, des codes et des langages de l’art contemporain.

Les œuvres et les démarches des artistes communautaires et professionnels de l’exposition AGIR / Art des femmes en prison, ainsi que les collaborations artistiques et institutionnelles dont témoignent ces différents projets, nous offrent une affirmation forte du potentiel de transformation individuelle et collective propre à la création et à l’imaginaire. La présentation de ces œuvres, démarches et collaborations contribue à créer les conditions d’un dialogue public sur des enjeux tels que la criminalisation de la pauvreté et la répression des personnes judiciarisées. Il s’agit aussi d’une invitation à mettre en œuvre davantage de justice sociale et de solidarité citoyenne avec et entre toutes et tous.

L’exposition AGIR / Art des femmes en prison au Collège de Maisonneuve dans le contexte de la Quinzaine citoyenne 2012-2013, voilà une rencontre nécessaire.

Mot de la commissaire, Louise Lachapelle
 mandatée par la Société Elizabeth Fry du Québec et par le Collectif Art Entr’Elles

Comité consultatif
Coquelicot Ayotte, conseillère à la vie étudiante;
Geneviève Fortin, coordonnatrice du Collectif Art Entr’Elles;
Ruth Gagnon, directrice générale de la Société Elizabeth Fry du Québec;
Louise Lachapelle, enseignante et chercheure au Collège de Maisonneuve et commissaire de l’exposition;
Devora Neumark, artiste interdisciplinaire, enseignante et coresponsable du projet Agir par l’imaginaire;
Katia Tremblay, conseillère pédagogique au Collège de Maisonneuve et consultante en muséologie;
Aleksandra Zajko, agente de développement à la Société Elizabeth Fry du Québec et coresponsable du projet Agir par l’imaginaire

Article de Quartier Hochelaga sur l’exposition AGIR / Art des femmes en prison

 

Table ronde AGIR / Art des femmes en prison

CRÉDIT

Image extraite de la vidéo de la table ronde AGIR / Art des femmes en prison, Aleksandra Zajko, Ruth Gagnon, Geneviève Fortin

En guise de mot d’ouverture de cette table ronde, je voudrais situer la présente discussion dans le contexte de la dernière année où il a beaucoup été question de démocratie et d’accessibilité à l’éducation.Encore tout récemment, un article du journal Le Devoir portant sur le sommet sur l’enseignement (Le Devoir de philo du 13 avril 2013) faisait référence à Alexis de Tocqueville (1805-1859) pour qui l’éducation est essentielle au développement d’une société démocratique. Tocqueville est considéré comme l’un des plus grands penseurs de la démocratie. C’est après un voyage en Amérique en 1831, qu’il a publié son ouvrage intitulé De la démocratie en Amérique (1835). Je trouve important de rappeler ici quel était initialement le but de ce voyage (1835) : Tocqueville était venu aux États-Unis pour réaliser une enquête sur les principes théoriques et pratiques du système pénitentiaire. De retour en Europe, Tocqueville préconise notamment des mesures favorisant l’internement cellulaire. J’aimerais que l’on garde à l’esprit cette relation, dont témoigne la démarche de Tocqueville, entre la prison, la démocratie et l’éducation; que l’on s’interroge sur l’éducation citoyenne et l’enfermement. Autrement dit, je nous invite à porter attention au système social, économique et culturel dans lequel s’inscrit la prison, au moment où on va justement entendre parler des réalités des femmes judiciarisées, des problèmes systémiques qui influencent l’incarcération des femmes, et aussi du potentiel de transformation individuelle et collective propre à la création et à l’imaginaire.

Mot d’ouverture de la table ronde, Louise Lachapelle
mandatée par la Société Elizabeth Fry du Québec et par le Collectif Art Entr’Elles